Quelle langue parle ton tambour ? *
Une anecdote dont je me souviens est celle de Soungalo Coulibaly qui m’a dit : “C’est bien Gilles, mais ton Djembé, il parle français !”. Traduisez : “C’est vraiment pas terrible ce que tu joues ! ”.
Dans sa méthode Le tambour Djembe (1993), Serge Blanc consacre son premier chapitre au pays Mandingue: terre natale de Djembé. Il met l’accent sur le mode de transcription adopté pour les noms d’origine africaine et familiariser avec les consonances de cette langue. Cette entrée en matière est audacieuse pour une méthode de percussion. Elle met le lecteur dans une perspective d’apprentissage qui va bien au-delà des simples notes et procure la même sensation qu’un guide de voyage qui vous donne les dix phrases de base dont vous aurez besoin pour survivre dans votre lieu de destination.
Je fais évidement le lien direct entre sa démarche et mon idée de comparer le phrasé musical et l’accent d’une langue. Cela donne une très bonne idée de l’ampleur de la matière à digérer. Si Serge Blanc nous donne ici l’alphabet, il faudra ensuite assimiler le vocabulaire, l’orthographe, la grammaire et la conjugaison avant de raconter de petites histoires encore loin de la poésie des grands virtuoses…
DES MOTS QUI GUIDENT LE GESTE
Concernant les méthode concrètes d’apprentissage, Serge Blanc, au chapitre IV sous le titre “Sources orales”, écrit ceci :
«Les musiciens occidentaux ont hérité d’une longue tradition musicale écrite, susceptible d’être un com- plément important à la mémoire, ils peuvent ainsi isoler la musique de son contexte. (…)
Les batteurs africains utilisent traditionnellement le “langage tambouriné” (…) Ainsi les chants, sous forme d’onomatopées, sont-ils repris sur le tambour par des battements qui correspondent à des sons distincts. (…) Il est incontestable que la méthode phonétique favorise le chant des rythme et facilite grandement la tâche pour “avoir l’air dans la tête” et le garder. (…)»
La traduction des sons de l’instrument par de petites syllabes inspirées des consonances de la langue d’origine de l’instrument permettent en effet un excellent contrôle de la qualité du phrasé et révèle les subtilités d’interprétation. Dans un deuxième temps, on peut superposer ce “chant” représentation globale de la phrase travaillée. En savoir +
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